Comment ne pas citer aussi, cette jeune fille originaire de Madagascar , vivant dans sa famille d’accueil à Machecoul qui venant d’être élue « miss Bretagne 2008 » déclare être fière de son identité bretonne
Naturellement, Bretagne Plus, à la fin des années 80, oriente son action dans le domaine d’une culture festive. Nous le savons bien, c’est par leur musique, leurs chants, leurs danses, que les bretons ont retrouvé le goût de leur histoire, de leur culture. De ces années, Bretagne Plus garde la satisfaction d’avoir participé au renouveau de la festou-noz dans le pays nantais, en offrant des scènes pour se produire aux musiciens et chanteurs.
Puis, constatant avec satisfaction que ce champ d’activité était de nouveau investi par d’autres structures, notre vocation n’étant évidemment pas d’entrer dans le jeu d’une concurrence néfaste, Bretagne Plus est devenue organisatrice de conférences débats et de présentation d’expositions. C’est à ce jour la spécificité de Bretagne Plus dans le paysage associatif.
Tous au long de ces années, nous avons eu le souci de faire exister la culture bretonne dans les lieux de vie de la population, et non en l’enfermant dans un ghetto pour initiés. Cette volonté nous a amené à rechercher des partenariats en dehors du milieu spécifiquement attaché à la Bretagne. Je citerais notamment l’école Audencia, la Maison des hommes et des techniques, Entreprises et patrimoines industriels, Nantes histoire, Expoval, le Centre d’histoire du travail, les Chevaliers Bretvins, Identité et démocratie, et bientôt le Musée de l’imprimerie.
J’ajoute la municipalité nantaise en 1995 dans le cadre du 400ème anniversaire de l’Edit de Nantes, et en 2001, à l’occasion de l’année Emile Masson. Citons également les structures placées sous la tutelle de la municipalité comme les médiathèques Luce Courvile, Jacques Demy, et le conservatoire national de région.
Je profite de notre présence ici pour renouveler auprès de la municipalité notre demande d’établir des partenariats avec la ville de Nantes, nous permettant d’être présents dans les manifestations culturelles organisées à son initiative, et dans les lieux placés sous sa tutelle.
Autre caractéristique de Bretagne Plus, notre démarche participative aux initiatives fédératives. A ce titre nous participons annuellement à la Saint Yves Gouel Erwan ainsi qu’au festival Celtomania, .Nous sommes également représentés depuis sa création au sein du conseil d’administration de l’ACB44 et nous sommes membres de l’Institut culturel de Bretagne avec qui nous travaillons d’une manière régulière en Loire Atlantique.
Cet esprit d’ouverture nous amène aussi à provoquer des rencontres inter associatives. Pour exemple, à notre initiative, cette année, Kan Ar Vro et Bombardes et Co ont travaillé ensemble un répertoire spécifique présenté en concert dans le cadre de la Saint Yves à la chapelle de Bon Garant.
Le développement de ce type d’initiative constitue un axe de notre projet d’avenir, afin de faire de Bretagne Plus un lieu de connexion des pratiques culturelles et parallèlement une boîte à outils à la disposition des initiatives citoyennes. En effet, nos statuts nous permettent d’intervenir dans tous les domaines qui tendent à valoriser l’image de la Bretagne. Chez nous, on ne vient pas pour consommer un produit mais pour imaginer, présenter, réaliser des projets. Bretagne Plus est une structure d’accueil pour ceux qui souhaitent travailler d’une manière ponctuelle ou régulière à faire VIVRE la culture bretonne.
Au cours de ces vingt ans, nous avons été témoins de l’explosion de l’offre culturelle à Nantes. Le rôle moteur joué aujourd’hui par les collectivités locales dans la vie culturelle explique en grande partie cette évolution. Comment leur reprocher ? Car nous savons bien qu’une politique culturelle volontaire favorise la croissance, la créativité, la valorisation d’un territoire. Toutefois, si nous ne regrettons pas l’époque du « désert nantais », nous constatons la difficulté pour une association citoyenne d’être visible du grand public dans ce contexte. Ce constat nous amène à attirer l’attention des élus sur le risque de transformer le citoyen en simple consommateur et de lui retirer son rôle d’acteur, de créateur de sa propre culture. Accompagner, favoriser, soutenir la vie associative, doivent être le souci des collectivités locales. Dans une société marquée par la montée de l’individualisme, le secteur associatif contribue au maintien des liens sociaux. Dans nos activités se côtoient des personnes d’origine, d’âge, de milieux différents. C’est cette richesse qui doit être préservée et encouragée.
Cette thématique de la culture associative face à la culture institutionnelle fera l’objet d’une journée débat que nous organisons le 15 novembre prochain Salle des conférences de la Manu avec Messieurs Y. GUIN, JB.VIGHETTI, S.GERAUD, Y.OLLIVIER et A.FENET.
Au cours de ces 20 ans, nous avons vécu aussi le renforcement des réglementations, ce qui le plus souvent entraîne une augmentation des charges financières et une prise de risque plus grande pour ceux qui assurent bénévolement des responsabilités associatives.
Je tiens maintenant à évoquer les motivations de ceux et celles qui ont créé Bretagne Plus en 1988. Par ce geste, il s’agissait, n’ayons pas peur des mots, d’entrer en résistance contre cette entreprise ayant pour objectif de nier l’identité bretonne des habitants de ce pays, c’est-à-dire les priver de leurs racines, de leur histoire, de leur appartenance à un groupe humain, de tout ce qui constitue un patrimoine commun ciment de citoyenneté en utilisant tous les moyens, y compris les plus vils, comme celui qui consiste à endoctriner la jeunesse dans les lieux réservés à son enseignement. Combat du pot de terre contre le pot de fer, le chemin suivi n’était pas celui de la facilité, et pourtant je crois pouvoir dire aujourd’hui à tous ceux qui l’ont suivi sans céder au découragement que l’espoir a changé de camp. Nous nous reconnaissons dans le symbole que constitue la présence officielle, voulue par la municipalité nantaise, sur le cours des 50 otages côte à côte des drapeaux nantais, breton, français et européen. Nous vivons ces identités en complémentarité et non en opposition. A ceux qui tentent de substituer à l’image du breton « plouc » l’image du breton replié sur lui-même tenté par un communautarisme repoussoir, montrons que nous sommes à la fois profondément enracinés et ouverts sur l’autre, que notre confiance contraste avec leur peur d’imaginer une France riche de ses différences.
Pierre NOGUES
Président de Bretagne Plus, Culture et Débats, Nantes.
Discours prononcé le 18 OCTOBRE 2008.
